Marché nautique 2025 : Enjeux écologiques, innovations et dynamiques territoriales

bilan des ventes aux enchyres de bateaux en 2025

Bilan des ventes aux enchères de bateaux en 2025 : Analyse du marché mondial et dynamiques sectorielles

Introduction

L’année 2025 a marqué un tournant décisif pour l’industrie nautique mondiale, révélant une profonde bifurcation entre deux segments majeurs du marché : d’un côté, les superyachts de luxe, qui ont enregistré des volumes de transactions records ; de l’autre, les bateaux de plaisance plus petits, confrontés à une contraction persistante. Ce contraste saisissant illustre les mutations structurelles qui affectent l’ensemble de l’écosystème nautique, sous l’effet combiné de facteurs macroéconomiques, de changements comportementaux des consommateurs et de nouvelles dynamiques de valorisation des actifs maritimes.

Le marché des superyachts, défini comme les navires de plus de 30 mètres de long, a connu une année exceptionnelle avec 442 ventes enregistrées, soit une hausse de 12,8 % par rapport à 2024 (392 ventes) et une progression de 3 % par rapport à 2023 (429 ventes). Cette performance remarquable s’est produite malgré un contexte économique mondial incertain, marqué par une inflation persistante (2,7 % en juillet 2025), des taux d’intérêt élevés (6,7 % pour les prêts hypothécaires à 30 ans) et une confiance des consommateurs inférieure aux niveaux d’avant la pandémie (indice à 97,2).

À l’inverse, le marché des bateaux de plaisance, notamment les unités neuves de moins de 9 mètres, a subi une contraction significative. En Amérique du Nord, les ventes de bateaux à moteur neufs ont chuté de 8,9 % en glissement annuel jusqu’en juillet 2025, totalisant 162 813 unités. En France, la Fédération des Industries Nautiques a rapporté une baisse de 14,8 % des ventes d’unités neuves, avec un recul particulièrement marqué dans les segments de moins de 9 mètres.

Face à cette dichotomie, le marché de l’occasion a fait preuve d’une résilience notable. En France, les ventes de bateaux d’occasion n’ont reculé que de 3 %, tandis que certains segments haut de gamme ont même connu une activité soutenue. Cette stabilité relative s’explique par des facteurs tels que la disponibilité immédiate des unités, des prix plus accessibles et une empreinte carbone réduite, éléments devenus déterminants dans un environnement de financement contraint.

Ce dossier propose une analyse détaillée du bilan des ventes aux enchères et des transactions de bateaux en 2025, en s’appuyant exclusivement sur les données issues de l’étude exhaustive du marché mondial réalisée cette année. Il s’articule autour d’un état des lieux factuel, d’une analyse chiffrée approfondie et d’une projection des perspectives à court terme.

État des lieux et Données Factuelles

Superyachts : un segment en pleine expansion

Le segment des superyachts a connu une dynamique exceptionnelle en 2025. Avec 442 ventes enregistrées, il s’agit du volume de transactions le plus élevé de ces dernières années. Cette performance s’explique par plusieurs facteurs :

– Une concentration accrue de la richesse mondiale.
– Des stratégies de diversification patrimoniale chez les individus à très haut revenu.
– Une évolution des modèles de propriété, avec une montée en puissance des configurations prêtes à la location.

Parmi les transactions emblématiques de l’année figure la vente du Breakthrough, un superyacht de 118,8 mètres propulsé par pile à hydrogène, vendu par Edmiston en septembre 2025. Ce navire, capable de naviguer une semaine à 10 nœuds sans émissions, incarne l’innovation technologique et environnementale du secteur.

Les chantiers italiens ont dominé le marché, avec Benetti, Admiral et Sanlorenzo en tête. Benetti a notamment vendu le yacht Artisan (63 mètres) pour 59,75 millions d’euros en seulement quinze jours.

Bateaux de plaisance : contraction du marché neuf

Le marché des bateaux neufs a été fortement impacté par la conjoncture économique :

– En Amérique du Nord, les ventes de bateaux à moteur neufs ont chuté de 8,9 % jusqu’en juillet 2025.
– En France, la baisse atteint 14,8 %, avec un recul particulièrement marqué sur les unités de moins de 9 mètres.

Groupe Beneteau, leader mondial du secteur, a vu son chiffre d’affaires semestriel chuter de 27 %, passant de 557 millions d’euros au premier semestre 2024 à 404 millions d’euros en 2025. Le segment des voiliers a été le plus touché, avec une baisse de 36 %, notamment en raison d’une réduction de 55 % des livraisons aux loueurs professionnels.

Marché de l’occasion : stabilité et segmentation

Contrairement au neuf, le marché de l’occasion a montré une relative stabilité :

– En France, les ventes ont reculé de seulement 3 %.
– Les unités bien entretenues, avec des équipements récents, se sont vendues plus rapidement et à des prix plus élevés.
– Le délai moyen de vente dans le réseau ANTIPODE s’est établi à 5,2 mois.

Les segments les plus actifs concernent les voiliers et bateaux à moteur de 10 à 15 mètres, âgés de moins de 15 ans. À l’inverse, les unités entre 50 000 et 100 000 euros ont connu un net ralentissement, les acheteurs préférant parfois la location à l’achat.

Répartition géographique des ventes

Les ventes de superyachts se sont concentrées dans les hubs traditionnels :

– Floride : 52 ventes
– Italie : 25
– France : 21
– Grèce : 17
– Turquie : 12
– Espagne : 10

En Europe, l’Italie s’est imposée comme le leader du marché, représentant 27 % des transactions de courtage au premier semestre 2025. La France, bien que toujours influente, a vu sa part de marché dans l’occasion passer de 60 % en 2024 à 52 % en 2025.

Analyse Chiffrée et Statistiques

Tableau de synthèse des données

IndicateurValeur 2025Évolution par rapport à 2024
Ventes de superyachts (>30 m)442 unités+12,8 %
Ventes de superyachts en 2024392 unités
Ventes de superyachts en 2023429 unités
Ventes de bateaux à moteur neufs (Amérique du Nord, YTD juillet)162 813 unités-8,9 %
Ventes de bateaux à moteur neufs (USA, YTD juin)130 956 unités-9,7 %
Ventes de bateaux à moteur neufs (USA, août 2024 – juillet 2025)220 215 unités-7,6 %
Inflation (juillet 2025)2,7 %
Taux hypothécaire moyen (30 ans)6,7 %
Indice de confiance des consommateurs (juin 2025)97,2< pré-pandémie
Recul des ventes de bateaux neufs en France-14,8 %
Recul des ventes de bateaux d’occasion en France-3 %
Chiffre d’affaires H1 2025 Groupe Beneteau404 M€-27 %
Chiffre d’affaires H1 2024 Groupe Beneteau557 M€
Délai moyen de vente (ANTIPODE)5,2 mois+ modéré
Réduction moyenne sur yachts >30 m799 000 €7,9 % du prix demandé

Liste détaillée des indicateurs clés

– Le marché des superyachts a atteint un record avec 442 ventes en 2025, contre 392 en 2024 et 429 en 2023.
– Le yacht Breakthrough (118,8 m), propulsé à l’hydrogène, a été vendu en septembre 2025, marquant la transaction la plus significative de l’année.
– Groupe Beneteau a enregistré une baisse de 27 % de son chiffre d’affaires au premier semestre 2025.
– Le segment des voiliers chez Beneteau a chuté de 36 %, avec une baisse de 55 % des livraisons aux loueurs.
– Les ventes de bateaux à moteur neufs aux États-Unis ont reculé de 9,7 % sur les six premiers mois de 2025.
– Le marché français de l’occasion a reculé de seulement 3 %, contre 14,8 % pour le neuf.
– Le prix médian des voiliers de plus de 40 pieds aux États-Unis a baissé de 2,8 %, atteignant 330 500 dollars.
– Les remises moyennes sur les yachts de plus de 30 mètres ont atteint 799 000 euros, soit 7,9 % du prix demandé.
– Le segment des bateaux d’occasion entre 50 000 et 100 000 euros a connu un net ralentissement.
– Le délai moyen de vente dans le réseau ANTIPODE est passé à 5,2 mois, traduisant un allongement modéré des cycles de vente.

Perspectives et Évolutions

Les perspectives pour la fin de l’année 2025 et l’année 2026 s’orientent vers une stabilisation progressive du marché, notamment dans le neuf. Groupe Beneteau prévoit un retour à la croissance au second semestre 2025, soutenu par le lancement de 66 nouveaux modèles sur trois ans, dont 20 présentés lors des salons nautiques de 2025.

Le marché de la location de superyachts devrait continuer à croître, porté par une demande soutenue en Méditerranée orientale (50 à 53 % des réservations estivales) et dans les Caraïbes en hiver. Le modèle de propriété mixte (usage privé + location) gagne en popularité, influençant les configurations des nouveaux yachts.

Les réglementations environnementales, telles que le cadre net-zéro de l’OMI (entrée en vigueur en 2027) et le règlement FuelEU Maritime (applicable depuis janvier 2025), vont accélérer l’adoption de technologies hybrides et de matériaux durables. Le marché s’oriente ainsi vers une transformation structurelle, où l’expérience utilisateur, la flexibilité opérationnelle et la durabilité deviennent des critères centraux dans les décisions d’achat.

Enfin, la segmentation du marché devrait s’accentuer, avec une polarisation entre les très grandes unités à forte valeur ajoutée et les segments d’entrée de gamme, plus sensibles aux conditions de financement. Le marché de l’occasion, en particulier, continuera de jouer un rôle clé dans l’accessibilité à la plaisance, dans un contexte de taux d’intérêt durablement élevés.

Environnement et Contexte Global

L’année 2025 s’est imposée comme un tournant dans l’histoire contemporaine de la plaisance, non seulement en raison des dynamiques économiques et commerciales observées, mais aussi à travers une transformation profonde de l’environnement réglementaire, écologique et sociétal. L’industrie nautique, historiquement perçue comme un bastion du luxe et de la liberté individuelle, est désormais confrontée à des impératifs de durabilité, de transparence et d’innovation systémique.

Cadre réglementaire et pression normative

Deux régulations majeures ont redéfini le périmètre d’action des constructeurs et armateurs : le règlement FuelEU Maritime, entré en vigueur en janvier 2025, et le cadre net-zéro de l’Organisation Maritime Internationale (OMI), dont l’application est prévue pour 2027. Le premier impose une réduction progressive de l’intensité des émissions de gaz à effet de serre pour les navires de plus de 5 000 GT, avec un objectif de -80 % d’ici 2050. Le second, plus global, introduit une tarification des émissions et un encadrement des carburants marins à l’échelle internationale.

Ces dispositifs ont un impact direct sur la conception des navires, la planification des itinéraires, les choix de motorisation et les stratégies de renouvellement de flotte. Les armateurs doivent désormais intégrer dans leurs décisions d’achat et d’exploitation des critères de conformité environnementale aussi déterminants que les performances techniques ou le rendement locatif.

Transition écologique et perception sociale

La pression sociétale en faveur d’une plaisance plus verte s’est intensifiée. En 2025, près de 21 % des campagnes marketing des chantiers mettaient en avant des arguments écologiques : propulsion hybride, réduction de la consommation, matériaux biosourcés ou recyclables. Cette évolution ne relève pas uniquement de l’image : elle traduit une mutation profonde des attentes des consommateurs, de plus en plus sensibles à l’empreinte carbone de leurs loisirs.

Le superyacht Breakthrough, propulsé par pile à hydrogène et capable de naviguer une semaine à 10 nœuds sans émissions, illustre cette transformation. Il ne s’agit plus simplement d’un navire d’exception, mais d’un manifeste technologique et environnemental. Ce type d’unité redéfinit les standards du marché haut de gamme, en intégrant des critères de durabilité comme éléments de prestige.

Nouveaux usages et modèles économiques

La montée en puissance du modèle de propriété hybride – usage privé combiné à une exploitation en location – s’inscrit dans cette dynamique. Loin d’être marginal, ce modèle devient central dans la structuration du marché. Il permet de mutualiser les coûts d’entretien, d’amortir les investissements et de répondre à une demande croissante d’expériences personnalisées sans engagement à long terme.

La location devient ainsi un vecteur d’accessibilité, mais aussi un levier de renouvellement de flotte. Les unités conçues pour le charter intègrent dès leur conception des fonctionnalités spécifiques : cabines modulables, espaces de vie optimisés, systèmes de monitoring à distance, etc. Cette évolution modifie en profondeur la chaîne de valeur de la plaisance, de la conception à l’usage.

Analyse Géographique et Impact Local

Le rôle stratégique de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur

La région PACA, et plus précisément la Côte d’Azur, demeure un épicentre stratégique du yachting mondial. En 2025, le sud de la France a généré à lui seul un impact économique estimé à 2,1 milliards d’euros liés à la grande plaisance, avec plus de 10 000 emplois directs. Cette concentration d’activités repose sur un écosystème mature, combinant chantiers de refit, ports de plaisance, brokers, sociétés de gestion et prestataires de services.

Le Cannes Yachting Festival, qui s’est tenu du 9 au 14 septembre 2025, en est l’expression la plus visible. Avec 711 bateaux exposés sur l’eau, 677 exposants et 147 premières mondiales, l’événement a confirmé son rôle de vitrine internationale. La présence accrue de yachts de plus de 24 mètres (99 unités, contre 92 en 2024) et le retour du segment des +50 mètres témoignent d’un regain d’intérêt pour les grandes unités dans cette zone.

Tensions concurrentielles et repositionnement stratégique

Cependant, la position dominante de la Côte d’Azur est aujourd’hui challengée par d’autres destinations méditerranéennes. L’Italie, avec 27 % des transactions de courtage enregistrées au premier semestre 2025, s’impose comme le leader européen. La Grèce, quant à elle, capte 26 % des réservations mondiales de charter, tandis que l’Espagne renforce sa présence dans le segment des yachts de plus de 60 mètres, notamment via les hubs de Palma et Barcelone.

Face à cette recomposition, la France doit adapter son offre. Les enjeux portent notamment sur l’optimisation des infrastructures portuaires, la structuration de zones de mouillage écologiquement responsables, et la montée en gamme des services associés. Des initiatives sont en cours pour renforcer l’attractivité du littoral azuréen, mais elles doivent s’inscrire dans une vision à long terme, intégrant les impératifs environnementaux et les évolutions des usages.

Paris, nouveau pôle de convergence

Le lancement du Paris Nautic Show, du 26 au 30 novembre 2025, marque une tentative de rééquilibrage territorial. Avec 75 % des espaces déjà réservés dès septembre et une forte mobilisation des constructeurs, l’événement ambitionne de devenir un rendez-vous international majeur. Il se distingue par une approche transversale, incluant la navigation fluviale, les solutions durables et les innovations technologiques.

Ce repositionnement de la capitale comme carrefour des filières nautiques vise à élargir le spectre des publics et à renforcer la visibilité des acteurs français sur la scène mondiale. Il s’agit également d’un signal fort envoyé aux institutions, en faveur d’une politique industrielle cohérente et d’un soutien renforcé à la filière.

Conclusion

L’année 2025 aura été celle de la polarisation du marché nautique. Tandis que les superyachts poursuivent leur ascension, portés par une clientèle ultra-fortunée et des innovations de rupture, les segments intermédiaires et d’entrée de gamme subissent de plein fouet les effets d’un environnement économique contraint. La contraction du neuf, la résilience de l’occasion et la montée en puissance de la location dessinent les contours d’un nouveau paradigme.

Les enjeux pour 2026 seront multiples : accélérer la transition écologique, renforcer la compétitivité des territoires, adapter les modèles économiques aux nouvelles attentes et intégrer pleinement les technologies intelligentes dans l’expérience utilisateur. Dans ce contexte, la France dispose d’atouts considérables, mais devra faire preuve d’agilité, d’innovation et de coordination pour maintenir sa position de leader.

La plaisance de demain ne sera pas seulement une affaire de luxe ou de performance. Elle sera durable, connectée, partagée – et profondément ancrée dans les territoires.

Foire Aux Questions (FAQ)

**1. Quels sont les impacts concrets du règlement FuelEU Maritime sur les yachts de plus de 30 mètres ?**
Le règlement impose une réduction progressive des émissions de gaz à effet de serre pour les navires de plus de 5 000 GT. Cela pousse les chantiers à adopter des motorisations hybrides, à optimiser les carènes pour réduire la traînée, et à intégrer des systèmes de monitoring énergétique. Les yachts concernés doivent également adapter leur logistique de ravitaillement pour intégrer des carburants alternatifs.

**2. Pourquoi observe-t-on une baisse plus marquée des ventes dans le segment des bateaux de moins de 9 mètres ?**
Ce segment est particulièrement sensible aux conditions de financement. Avec des taux d’intérêt moyens à 6,7 %, le coût d’accès devient prohibitif pour de nombreux primo-accédants. De plus, la concurrence de la location courte durée et la saturation du marché de l’occasion freinent les intentions d’achat.

**3. En quoi la vente du superyacht Breakthrough est-elle emblématique ?**
Ce navire de 118,8 mètres propulsé par pile à hydrogène incarne une rupture technologique majeure. Il est capable de naviguer une semaine sans émissions, tout en offrant des prestations ultra-luxueuses (cinéma, hôpital, piscine à contre-courant). Sa vente illustre la convergence entre innovation, durabilité et prestige.

**4. Quelle est la stratégie de Groupe Beneteau face à la crise du neuf ?**
Le groupe a lancé un plan de renouvellement de portefeuille avec 66 nouveaux modèles sur trois ans. Il mise sur des partenariats (ex : gamme Gran Turismo avec Alpine), des gammes plus sobres en équipements pour réduire les coûts, et une montée en puissance de ses marques américaines pour compenser la faiblesse du marché européen.

**5. Comment évolue le rôle des salons nautiques dans ce nouveau contexte ?**
Les salons restent des vecteurs clés de visibilité et de vente, mais leur rôle évolue. Ils deviennent des plateformes d’innovation, de démonstration technologique et de networking professionnel. Le Cannes Yachting Festival et le Paris Nautic Show illustrent cette mutation, en intégrant des volets durables, fluviaux ou digitaux.